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Crise dans l'Eglise : des causes profondes

Elles sont nombreuses les réactions suscitées par la crise qui secoue actuellement l'Eglise universelle du fait des multiples scandales de crimes pédophiles et de débauche homosexuelle jusqu'au plus haut niveau de la hiérarchie catholique.

On remarque que les réactions et les analyses des uns et des autres sont souvent très centrées sur les faits incriminés, les manquements ou les complicités : les accusations sont elles vraies ou fausses ?  Qui a protégé qui ? Qui était au courant et n'a rien fait ? Mgr Vigano est-il un affabulateur qui cherche à se couvrir ou un homme de grande foi dont la conscience ne pouvait plus supporter la loi de l'omerta  ? Quelles mesures adopter pour calmer la tempête médiatique ? 

Il semble que l'on ait du mal à prendre de la hauteur, des difficultés à déplacer le débat sur les causes fondamentales de cette situation.

Dans son édition de septembre 2018, le "Club des hommes en noirs", animé par Philippe Maxence pour "L'Homme Nouveau", apporte le témoignage du R.P Jean-François Thomas qui mérite d'être entendu.

Ce jésuite, qui a bien connu les Etats-Unis et l'Eglise américaine de la fin des années 80, livre une analyse intéressante et porte un éclairage important sur cette crise dont il fait remonter l'origine à plusieurs décennies.

Pour lui, le problème semble trop réduit à une question de morale. La nature de l'homme étant pécheresse, les hommes d'Eglise sont aussi des pécheurs et par conséquent susceptibles de faire le mal quel qu'il soit. L'Eglise a toujours connu en son sein des scandales et en connaîtra toujours.

Effectivement, on constate que les réactions  se placent trop souvent sur le même plan que la justice civile : la morale pour la morale, la loi pour la loi. Alors que pour un disciple du Christ, la morale est un des outils pour se sanctifier et s'approcher de la Vie divine. "Le chrétien n'est pas simplement quelqu'un qui respecte le code de la route pour éviter les contraventions !" s'exclamait dom Gérard dans une conférence à des jeunes, "ce n'est pas possible que la deuxième Personne de la Trinité se soit incarnée, qu'elle soit morte, ait souffert sa Passion, que Jésus soit mort pour nous pour cela ! C'est à la plénitude, à la Vie Divine qu'Il nous appelle !"

Au delà de la morale, le R.P. Thomas pointe une cause bien plus profonde "Ce qui est nouveau dans l'Eglise, c'est que la fondation doctrinale et liturgique s'est, depuis des décennies, complètement écroulée". 

La conséquence qui en résulte est une destruction de l'autorité de l'Eglise dans la société mais aussi, surtout, en son propre sein. Il est intéressant de constater que ceux des hommes d'Eglise qui  relativisent aujourd'hui le plus la crise actuelle et les faits qui en sont la cause appartiennent tous au courant ecclésial qui travaille depuis déjà fort longtemps à diluer l'autorité dans l'Eglise (collégialité, déstructuration des Congrégations romaines, dictature des laïcs...) . Ce sont les mêmes qui sont à l'origine des tentatives de révision de la doctrine traditionnelle de l'Eglise en particulier sur les questions de la morale et de la famille mais aussi de la discipline des sacrements. Comment pourraient-ils tirer les justes conclusions de ce qui se passe quand celles-ci conduiraient à remettre en cause leur projet de soi-disant ouverture sur le monde et d'atomisation de l'autorité ecclésiale ?

Pour le père Jean-François Thomas, si l'Eglise est sous la coupe de lobbies, c'est parce que l'autorité qui empêchait ces derniers d'y faire librement régner leur loi a été démolie en même temps que la doctrine et la liturgie. En voulant épouser le monde, l'Eglise a perdu en crédibilité et a permis les pires dérives en son sein. Le jésuite en donne dans son propos quelques exemples saisissants.

 

"Dès lors que l'Eglise se banalise, elle se mondanise et se corrompt jusqu'à perdre sa nature originelle" avertit le cardinal Sarah dans son livre "Dieu ou rien", poursuivant "La mode s'empare de l'Eglise et l'illusion du sacré devient périssable, il en va de même pour la liturgie". Quelques pages plus loin, face au relativisme généralisé,  le Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin lance un ferme appel au retour de l'autorité "La volonté de continuer à affermir la place du Christ et de l'Eglise au sein de l'humanité pourrait-elle nous attirer les qualificatifs de fondamentalistes, d'intégristes et d'intolérants ? Dans la recherche de la vérité, je crois qu'il faut conquérir la capacité de s'assumer comme intolérant, c'est à dire posséder le courage de déclarer à l'autre que ce qu'il fait est mal ou faux."

L'autorité restaurée au service de la Vérité et du retour au sacré :  un programme pour l'Eglise.

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